4.7.15

Résidence au lycée Chennevière-Malézieux 6

Ma résidence sur le CRI au lycée professionnel Chennevière-Malézieux est terminée. C'est l'heure du bilan. Au delà des chiffres donnés aux institutions, il est difficile d'évaluer l'impact d'une telle résidence sur les élèves. Ce qui est sûr, c'est que le thème du Cri les a accompagné tout au long de l'année scolaire, à l'intérieur du lycée, en dehors du lycée, dans leurs conversations, dans leur tête, cf article précédent ici. Tous se sont interrogés sur la signification d'un tel thème, sur ce que crier veut dire intimement, donc sur leurs propres émotions, leur propre engagement, leur propre silence... Il semble aussi que la thématique ait généré de la parole. Lors de la restitution, les parents d'élèves (malheureusement peu nombreux) étaient étonnés de ce que leurs enfants avaient écrit, questionnés même et je suppose que cela a donné lieu à des discussions salvatrices en famille. Oui la parole. J'ai remarqué également que le respect petit à petit s'est installé lorsque venait le temps de la lecture à haute voix dans les ateliers d'écriture, que l'écoute des autres étaient meilleure. Certains ont compris que confidence n'est pas aveu de faiblesse. Au contraire. Bien sûr, tous n'ont pas participé comme je le souhaiterais mais puisque d'autres ont fait, le faire soi-même est devenu pour eux envisageable. Ce "envisageable" me paraît essentiel tant certains des lycéens sont enfermés dans un système qui les empêchent de penser, d'imaginer, de voir ailleurs. La résidence a permis cette ouverture. Ils savent que s'y engouffrer est possible. Peut-être leur faudra-t-il d'autres expériences analogues pour se lancer plus avant. Ou simplement du temps. 



Expo restitution


Les meilleurs indicateurs de cette "prise de parole" sont les textes eux-mêmes écrits par les lycéens et qui émaillent les articles précédents…
Sans l'avouer ouvertement, les élèves étaient fiers de voir leur production exposée comme en témoignent ceux qui venaient montrer leur texte ou leur dessin, ceux qui venaient lire le textes des autres, ou les retours positifs qu'ils ont eu de leurs enseignants et des adultes à l'intérieur du lycée (je pense en particulier aux agents d'entretien ou aux cuisiniers qui m'ont dit combien ils appréciaient tel ou tel écrit).
Au fur et à mesure du déroulement de la résidence, l'échange avec les lycéens a été plus aisé. Beaucoup m'ont abordé pour parler, me demander des renseignements sur le métier d'artiste, me questionner sur ce que je pensais de tel ou tel évènement. Certains m'ont amené des textes de leur cru ou fait écouter des chansons, voire des compositions musicales, même si je n'étais pas intervenu dans leur propre classe. D'autres m'ont réclamé : alors, monsieur quand est-ce que vous venez nous voir? Le temps manque toujours, pour les rencontrer tous, pour aller plus avant dans l'échange et la confiance.

Extrait d'un message d'une lycéenne avec laquelle j'ai retravaillé ses textes : "Monsieur, actuellement je suis à six chansons que j'ai composées et ma meilleure amie aussi en a fait d'autres, elle chante très bien, nous formons une bonne équipe. Y a-t-il une chance pour vous de trouver un studio d'enrichissement (sic)..."


La résidence a été chaleureusement accueillie par les enseignants. J'ai compris cependant que certains au départ étaient en réticence ou en attente. Très rapidement, sans doute par le bouche à oreille, également à la vue de la production des élèves, il a été entendu que j'allais dans le même sens qu'eux, avec le même souci de faire progresser les élèves mais par des voies différentes. Cette confiance est une des grandes réussites de la résidence. J'ose même penser avoir convaincu les plus dubitatifs du bien fondé d'une telle entreprise: je vois encore un enseignant hostile en octobre venir à la restitution en mai avec son épouse et lui montrer parmi les textes exposés ceux qu'il avait repérés et aimés. Enfin la connivence immédiate avec Monsieur Galeazzi, Madame Bruant et Monsieur Yani, en quelque sorte le triumvirat qui pilote le lycée, a été primordiale pour la bonne marche de la résidence et la compréhension par tous du travail effectué...