27.2.13

Le G5

En 2010, j'ai créé le G5, un groupe d'auteurs, avec Dominique Paquet, Natacha de Pontcharra, Laurent Contamin et Luc Tartar. J'écrivais à l'époque:


Fonder le G5. Pourquoi ?

- Echanger sur la pratique, le quotidien, les coulisses de l’écriture.
- Rompre l’isolement qui guette toujours.
- Réfléchir et travailler ensemble sur les racines de l’écriture, sur les questions de dramaturgie, d’esthétique, mais aussi des rapports entre théâtre et monde, de la nécessité du théâtre, donc de la raison social du théâtre et des arts en général.
- Organiser et mener à bien ensemble des projets, face visible de nos travaux, proposant lectures, état des lieux de nos réflexions, écriture à plusieurs mains, performance, édition, exploration diverses… et ce qui n’existe pas encore.

Pourquoi ces cinq-là ?

Une intuition issue de ce que je connaissais, avais lu/vu de mes quatre camarades
Les ponts d’une probable entente :
- Ecriture qui interroge l’actualité et cherche à penser le monde
- Ecriture qui propose une transposition par rapport au réel, une distance généralement appelée poésie, en particulier dans ce qu’elle a de plus charnel
- Ecriture donc qui s’abreuve à quatre sources : le moi, le monde qui entoure, la mythologie et la langue
Le possible partage d’une optique
Et surtout de la différence, du désaccord, de l’opposition, de l’engueulade joyeuse, du plaisir de vivre…


Aujourd'hui le G5 continue sa route. Luc a décidé de suivre chacun de nous tout au long d'une journée de travail et de noter ses impressions. Allez voir sur le blog, là, ça vaut le clic:

"Quand la viande parle" à Lyon



La semaine dernière, j'ai fait une visite éclair à Lyon où une jeune équipe, la Compagnie Organe Théâtre, a monté cinq pièces de "Quand la viande parle" pour un festival décapant intitulé "SuperEros". 
Je me suis régalé. Merci à eux, en particulier à Céline Bertin qui orchestre la compagnie et qui a mis en scène les textes.
Ces pièces qui, à la lecture, sont crues, dérangeantes, cruelles, passent à la scène sans sourciller. Le public se réjouit des méandres de nos pulsions, de notre embarras à vivre avec... Et les rires dégoulinent.
Preuve du succès, le maître des lieux, Didier Vignali, propose de programmer le spectacle complet la saison prochaine au Croiseur...

  
Clémence Vincent et Aurélien Vandenbeyvangue dans "Sucette"

Sterenn Séjourné et Aurélien dans "Tes petits seins"

Celine Bertin, Basile Lambert et Aurélien dans "Chaud show"

Pour en savoir plus :
Le Croiseur : www.scene-7.fr
Quand la viande parle, éditions Les Impressions Nouvelles, Bruxelles :
www.lesimpressionsnouvelles.com/

Pour vous mettre en appétit, voici le début du monologue de "La Lime"...

Prems : - Le pouvoir, c'est la queue. Tu entres dans La femme. Tu vas et viens. Tranquille, tu vois. Maîtrisé. Tu limes. A l'aise. Tu peux compter le nombre d'allées et venues. Des fois profond, des fois au bord. Tu limes. Pour savoir où tu en es, de temps en temps, tu accélères. Histoire de tater le terrain, tu vois. Et tu surveilles La femme. Tu regardes comment ça lui fait. Et tu continues. Tu limes. Avant, arrière. Relax. Super. Cette bandaison comme ça. Et tu y vas. Maîtrisé, tu vois. Si nécéssaire, tu ralentis. Mais toujours tu poursuis. Chlif chlaf! Et tu surveilles La femme. Sûr, si elle a un sentiment pour toi, autrement dit : si tu ne la violes pas, ha! à un moment, ça lui fait de l'effet, ton mouvement. Tu lui demandes. Tu la câlines. Mais attention! tu demandes positif : "ça te fait de l'effet, hein ?" Ne lui laisse pas le choix. Là, tu perds la partie. Comme deux et deux font quatre. Non. Tu ne sors pas de ton rôle, tu vois. Tu limes. Et ta queue en elle qui va et vient, La femme mouille, bon, tu le sens, ta queue qui va et vient, ça lui fait des trucs. Ce bâton, chlif chlaf! Hein ? Et toi, imperturbable, tu poursuis. 60, 61, 62, 63. L'important, écoute bien, c'est de poursuivre. Poursuivre. Tu vois ce que je veux dire ? 75, 76, 77. Et tu surveilles. Il y a un moment où La femme ne sait plus où elle en est. Elle décolle. Elle déjante du chemin habituel. Ta queue qui va et vient en elle, c'est comme un arbre qui pousse en son dedans. Elle est empalée sur du velours. Ces cellules au fond d'elle s'électrisent. De l'intérieur, ça l'inonde. Un plaisir au creux, tu vois, qui irradie. Ouah! Du centre à la périphérie. Important ça : du centre à la périphérie. Et elle chante...

Guillaume Luquet dans "La lime"