10.9.14

Résidence dans le Perche

Je viens de terminer une résidence à Moutiers-au-Perche dans l'Orne à la demande du Parc naturel régional du Perche. 

Rue de l'église
L'aventure a été grandiose, chaleureuse, épuisante, et s'est terminée en apothéose avec le vernissage le samedi 6 septembre 2014. Voici comment j'avais présenté le projet  :

Depuis plus de dix ans, je travaille sur le visage et le cri, en tant que plasticien et en tant qu'homme de théâtre. J'utilise différentes approches, figuratives ou non, à deux ou trois dimensions, en me servant de l'aquarelle, de collages, d'assemblages en 3D, du bois, du métal, de matériaux de récupération, voire par le biais de performances  : boîtes à cris, écritures et lectures publiques, portraits exécutés en direct... etc

Bérengère

J'aimerais susurrer ou simplement dire à l'oreille, doucement, mais face à l'agitation trépidante du monde crier me paraît nécessaire. Non pas pour s'insurger contre la modernité, mais au contraire pour l'accompagner, ne pas la laisser aller toute seule sans réflexion, sans vision, à la merci du seul désir consumériste, et ainsi contribuer ensemble à l'infléchir vers plus d'ouverture et moins de maléfice.
Je puise mon inspiration au milieu des autres, non pas seul dans une tour d'ivoire. J'ai besoin du bruissement du monde, de la mélodie du vent comme du crépitement des inventions humaines.

La boutique de monsieur Huchon

Dessiner ou écrire, c’est d’abord regarder, écouter, observer, saisir une atmosphère, un horizon, relever le détail qui donne à entendre l’ensemble. C’est ensuite laisser l’imaginaire s’emparer du concret et l’engager à voir plus loin  : un cerf-volant ne vole que parce qu’un fil le relie à la terre. Visage et paysage  : double mouvement, le monde nous façonne et nous façonnons le monde.
Mon quotidien d’écrivain, d’homme de théâtre, de plasticien est tout entier consacré à ce travail d’éclaircissement de ce qui nous entoure  : ma façon d’être AU monde.

La Fourelière

Je souhaite  :
Dans un premier temps m'imprégner du lieu : établir un journal de bord composé d'aquarelles (paysages, lieux, éléments du patrimoine, portraits de personnes rencontrées...) et de prises de notes d'impressions, de ressentis

Jean-Noel
Dans un deuxième temps croquer des transpositions de ce travail effectué sur le motif  : esquisses pour l'oeuvre à venir, libre cours imaginaire à l'aide de différentes techniques, collage et assemblage...
Dans un troisième temps réaliser un paysage issu de tout le travail précédent en utilisant des matériaux de récupération  : plastique, bois, métaux rouillés... Ce paysage en relief d'au moins 2mx2m doit évoquer à la fois la particularité du Bocage, à la fois la nécessité de le préserver/faire vivre en redonnant une seconde vie à ce que notre société de consommation rejette.


Etudes de haies à contrejour
Les photographies des œuvres qui émaillent cet article illustrent le travail effectué. Les habitants m'ont apporté les objets de récupération qui ont servi à construire la sculpture. J'ai été accueilli avec générosité. Sans restriction. Des jeunes gens vivent là par choix. Ils essaient de penser le monde autrement et  mettent en pratique leurs convictions  : entraide, mise en commun, respect de la terre, réduction des gaspillages, retissage du lien social... etc... Ils m'ont enthousiasmé. Je les salue, eux et les plus anciens qui les accompagnent  : Brigitte, Danielle et Jean-Marie, Fantine, Sophie et Fred, Fanny et Jonathan, Annabelle et Benoît, Emilie et Hervé, Michel, Laurence et Fred, Josette et Patrice, Bérengère, Jeannine, Nathalie, Chantal, Gilles, Gilbert, Jean-Noël et Serge, Christine, Jacques, Colette et Alain, Yannick... et bien sûr Julie du Parc qui m'a soutenu tout au long de la résidence avec le sourire en permanence…

Ci-dessous l'oeuvre finale que l'on peut voir à la mairie de Moutiers-au-Perche

Paysvisage
environ 2m x 2m, matériaux de récupération
Quant aux aquarelles, elles seront exposées à la maison du Parc au Manoir de Courboyer (Nocé) de janvier à juin 2015.

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